J’ai été interviewée pour l’édition du dimanche 29 mai 2016 de Sud-Ouest Dimanche.
J’ai rappelé certains principes qui sont pour moi fondamentaux, en tant qu’avocate de victimes du terrorisme et même en tant qu’avocate, tout court :
- Mes clients sont dans une détresse totale, dans une soif de vérité, dans une demande incessante d’informations. Ce n’est pas une quête de vengeance. Ils ont aussi besoin de rencontrer la justice. Rencontrer les enquêteurs à travers les juges d’instruction est un acte fondamental.
- Ce sont des victimes civiles de guerre, elles ne sont pas les victimes de criminels de droit commun mais ont été tuées alors qu’on attaquait la France.
- Le préjudice psychologique et moral n’est pas pris en compte, il existe trop peu d’experts spécialisés alors qu’ils sont pourtant les seuls aptes à quantifier cette douleur et ce préjudice moral.
- En France, nous n’avons pas encore pris conscience de l’importance de la douleur, souvent dévastatrice, et de l’impact psychologique que ces victimes ou ces familles vivent. Il y a eu des discours, des commémorations, on a ouvert la grande cour des Invalides pour les recevoir. Tout cela, c’est bien, mais, après, il y a toute une vie.
- Je m’insurge contre cette phrase : «Expliquer, c’est déjà excuser». Non, Monsieur le Premier ministre, si vous ne comprenez pas, vous n’arriverez jamais à éviter d’autres attentats. Expliquer ne veut pas dire exonérer de la condamnation la plus exemplaire. Mais si on ne comprend pas, on ne fera que rendre hommage à des morts. Ce sont aussi nos enfants qui ont commis ces actes. Ce sont des Français. Ils ont grandi dans notre société. Nous avons enfanté des monstres. Pourquoi ? C’est à cette question qu’il faut répondre. Sinon, on n’avancera pas.
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