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Samia Maktouf, avocate d’une quarantaine de familles des victimes des attentats du 13 novembre 2015 était l’invitée de Renaud Blanc sur Radio Classique, ce jeudi 9 juin 2022. Elle assure que ce procès qui dure depuis 9 mois a fait avancer les choses et « jaillir une vérité ».

Le procès des attentats de Paris est entré dans une nouvelle phase, celle du réquisitoire. « Un réquisitoire long et dense », souligne Samia Maktouf, qui décrit comment les 3 avocats généraux se sont relayés pour rappeler que ce procès historique et hors norme était avant tout « un procès normal ». L’avocate de familles de victimes insiste sur le fait qu’il se déroule conformément aux règles de procédure, « dans le respect des droits de la défense et dans le respect du contradictoire ». Elle reconnaît qu’il reste beaucoup de questions sur le rôle des accusés, les préparations et le passage à l’acte, mais elle assure qu’« au bout de 9 mois, ce procès fait avancer les choses et a fait avancer la vérité, avec ou sans les accusés ».

Au sujet des accusés justement, les a-t-on trop « humanisés » au cours de ce procès, comme l’a affirmé un rescapé du Bataclan ? L’avocate déplore en tous cas que ce procès ait été « lissé » : « on n’a pas mis les mains dans le sang, peut-être pour ne pas choquer, alors que nous sommes dans un procès de Cour d’assises où le sang a jailli ». Samia Maktouf a aussi évoqué l’attitude de Salah Abdeslam, seul terroriste du 13 novembre encore en vie. Il s’est d’abord présenté comme un soldat de Daesh, avant de demander pardon et de minimiser sa participation. « Personne n’est dupe », a réagi l’avocate, ajoutant : « c’est une stratégie de défense, c’est quelqu’un qui essaie de sauver sa peau ». Elle rappelle que le premier jour, face au président de cette Cour d’assises, il s’est présenté comme « un combattant de Daesh », au moment de décliner son identité : « ça en dit long sur son état d’esprit ».