Procès des attentats du 13-Novembre : « Les victimes ont besoin de comprendre, d’entendre »
Interview de Jean-Pierre Elkabbach
C’est une épreuve difficile mais nécessaire pour les victimes des attentats terroristes du 13-Novembre. Samia Maktouf est l’avocate de 40 parties civiles dans le procès des attaques qui s’est ouvert début septembre. Invitée de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 et CNews, Samia Maktouf est revenue sur les premiers jours de ce procès historique et sur le comportement de Salah Abdeslam, le principal accusé, qu’elle a qualifié de « lâche ».
Le syndrome de Verdun
Dans ce procès, les victimes peuvent visionner ce qu’il s’est passé dans la soirée du 13 novembre 2015, au moment des attentats. Des images difficiles à regarder selon Samia Maktouf, mais utiles pour les rescapés. « Il fallait rendre compte de la réalité de cette tuerie de masse, en parler. Les victimes avaient besoin, même si c’était horrible et insupportable, de comprendre, d’entendre », explique l’avocate de 40 parties civiles.
« On avait pas l’habitude de ce type de scènes. Il fallait découper, expliquer », poursuit-elle, rappelant que l’ampleur du procès des attentats est inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. « Les victimes ont du courage. Nous les avons préparées à suivre ce procès », ajoute-t-elle. L’une de ces victimes est l’un des vigiles du Stade de France qui souffre du syndrome de Verdun, raconte l’avocate. « Il continue de sentir la poudre, à entendre les cris, les sonneries de téléphone depuis 6 ans. C’est cela le quotidien des victimes », assène Samia Maktouf.
Salah Abdeslam « ne reconnaît pas la justice française »
Au cours de ce procès, l’avocate a été en face de Salah Abdeslam, le principal accusé. Elle décrit son comportement : « Il n’a aucune expression, comme s’il n’était pas avec nous, dans notre cadre de l’état de droit. Il ne reconnaît pas la justice française ». Et l’avocate de poursuivre : « C’est de la lâcheté de la part d’un criminel terroriste. Il a même une part de complaisance et de jouissance de voir ses actes aboutir ».
« C’est un combattant de l’État islamique. Il s’est défini en tant que tel et veut répandre sa haine et son venin », assure Samia Maktouf, qui évoque les provocations de Salah Abdeslam. L’avocate décrit également le changement physique du principal accusé, âgé de 32 ans aujourd’hui. Pour elle, il est toutefois important que les accusés disposent de moyens judiciaires pour se défendre.
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