J’étais l’invitée du Grand Entretien de Public Sénat dans On va plus loin, avec Sonia Mabrouk, le lundi 11 avril au soir.
J’ai eu l’occasion d’y expliquer mon engagement professionnel mais aussi humain auprès des victimes du terrorisme, pour défendre les valeurs universelles, à commencer par le respect du droit à la vie. J’ai rappelé que cet engagement auprès des victimes, dont certaines se sentent délaissées alors qu’elles ont besoin, au contraire, d’écoute et de considération, s’inscrivait dans la droite ligne du serment de l’avocat, celui d’exercer ma profession notamment avec humanité.
Interrogée sur la responsabilité des Musulmans de France vis-à-vis du terrorisme, j’ai mis en avant le fait que la radicalisation n’était pas l’apanage d’une religion quelconque, qu’il appartenait à toute la société, au-delà des convictions religieuses (ou non) de chacun(e), de se mobiliser le terrorisme, combat que rejoignent les Musulmans de France dans leur immense majorité.
J’ai insisté sur le fait qu’il ne fallait en aucune façon culpabiliser ou stigmatiser les Musulmans de France, le combat contre le terrorisme n’étant pas communautaire mais universel, d’autant qu’aujourd’hui, il n’y a plus de «profil-type» du terroriste, chacun(e) étant potentiellement visé(e). Comme le disait en 2012 ma cliente Latifa Ibn Ziaten, dont le fils qui était soldat venait d’être assassiné par Mohamed Merah, «Il y a d’autres Merah» partout en France. Cette mère meurtrie dans son chair, qui a décidé d’aller à la rencontre de ceux qui sont la cause de sa souffrance, avait raison mais l’on n’a pas voulu l’entendre. Aujourd’hui, notre crainte est que d’autres Abaaoud, Abdeslam ou Abrini attendent leur heure, quelque part, ici même en France.
C’est en tant que citoyen(ne)s que nous devons lutter contre le terrorisme, et non pas en tant que Chrétiens, Juifs, Musulmans ou même athées.
Quant à savoir s’il existe des «Molenbeek» en France – des zones de forte radicalisation échappant au contrôle des pouvoirs publics – c’est en effet le cas, dans certains quartiers, et il ne serait que temps de s’intéresser aux véritables causes de ce problème. Pour ce faire, il est important que la République puisse à nouveau pénétrer dans ces endroits qu’elle a de longue date délaissés et abandonnés à leur sort.
La République ne doit tolérer sur son sol aucune zone de non-droit.